« Mais, lors de cette révolution du spectre, le médium aura vibré ! » : Thierry Weyd au Jardin des plantes, Caen.

La soirée du 12 septembre 2015 est d’ores et déjà une date fondatrice de l’histoire de l’art du XXIe siècle, même si on mettra beaucoup de temps à s’en apercevoir. Il est ainsi des événements qui passent sur le moment presque inaperçus et dont on ne mesure l’importance que quelques décennies plus tard, par des biais et des truchements insoupçonnables. C’est que le 12 septembre 2015 à 20h, Thierry Weyd a donné pour la dernière fois sa Conférence en forme d’ectoplasme mou, à l’invitation de l’association caennaise AMAVADA.
Bien qu’il ne cache pas son admiration pour Robert Houdin, Thierry Weyd n’est pas prestidigitateur. A l’effet spectaculaire il substitue volontiers une poésie du dysfonctionnement. Et pour cause, l’ingénieux système qui devait déclencher des infrabasses et faire partir des fumigènes n’a pas fonctionné. Mais le médium aura vibré par d’autres moyens, et l’expérience de réitération des expériences spirites de son aïeul Whoopee van der Weyden a pu s’avérer concluante. Il y aurait certainement ici une belle phrase à faire avec la savante expression, qui fait toujours son petit effet, d’ « horizon d’attente », introduite par Hans Robert Jauss dans Pour une esthétique de la réception en 1972 très précisément.
Thierry Weyd n’est pas non plus comique. Face à l’humour à bide de cette manière de one-man-show, dont on ne savait trop s’il était oui ou non involontaire, le rire n’était pas obligatoire, et ne constituait en aucun cas le but de l’opération. Le but de l’opération, dans un scrupuleux respect du protocole qui n’empêcha pas quelques inévitables ratés était, rappelons-le, de faire vibrer le médium (médium acheté, précisons-le « dans un magasin de bricolage pas très loin d’ici » : cette phrase sibylline et très certainement cryptée pose pour le lecteur l’ambiance de cette conférence à la tombée de la nuit…)
Thierry Weyd, fin connaisseur des mystérieux Residents, ne se revendique pas non plus musicien. Ce qui ne l’a pas empêché ce soir-là de faire de la musique, à deux notes, sans démonstration virtuose, à l’aide d’un carillon, d’un theremin (du nom de son inventeur Léon Theremin), et d’un gadget asiatique acheté le jour même, entre autres choses, un sac en plastique tenant le rôle de l’ectoplasme. Ca n’a pas non plus empêché le public de chanter.
Mais alors, qu’est donc Thierry Weyd ? Peut-être le saurons-nous lors de ses prochaines aventures, « plus abstraites », m’a-t-il dit…
Yann Ricordel

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